Saturday, November 19, 2005

Desole, encore un long post (on devient litteraire chez les matheux)

Bon, cloporte va encore me tomber dessus, parce que je fais un post de 2 pages :o(

Je reprends un intéressant poste de Sandrine, que vous pouvez lire ici.

Je suis en total désaccord avec la réponse faite par Jacques Adam dans les commentaires.
Pour résumer, il dit que les patrons américains sont plus enclins à offrir des récompenses car ils peuvent vous licencier du jour au lendemain, alors que les patrons français seront plus enclins à critiquer et ne pas féliciter car ils ne peuvent vous licencier et sont inquiets des résultats.
Je ne pense pas du tout que le comportement soit lié au fait qu'il soit plus facile de licencier aux Etats-Unis. Et je pense qu'au contraire, un employé qui est régulièrement "récompensé" peut espérer être moins touché par des mesures économiques ou de retrouver un travail plus facilement.

J'ai personnellement eu l'occasion de comparer deux agences gouvernementales, l'une française et l'autre américaine. Dans les deux cas, le licenciement économique ou pour d'autres raisons n'est que peu probable J’ai eu (et j’ai actuellement), dans les deux cas, des conditions de travail qui étaient plus qu'acceptables. Et dans les deux cas, il s'agissait (et il s'agit) de contrats à durée limité.

Je commencerai par détailler mon expérience française,.
L'approche française a été de me laisser faire mon boulot, sans aucun commentaire. Lorsque je suis arrivé en fin de contrat, on m'a dit: "bon on voudrait que vous continuiez un peu, dans les même conditions, parce que l'on a besoin de vous" - Mêmes conditions supposait salaire plus bas que les autres employés, pas de RTT et équivalent. De plus, si je faisais plus d'heure, c'était "gratuit" car mon contrat ne l'autorisait pas. Evidemment, la loi française n'autorisait pas mieux, ils avaient les mains liées. C'est uniquement quand j'ai dit ne pas être intéressé et que je partais que l'on m'a proposé de renégocier tout cela. Enfin, six mois plus tard, mon contrat se terminait (pas de CDD de plus de 18 mois) et l'on m'a dit: ‘‘c'est dommage que vous partiez, vous faisiez du bon boulot (sic)’’. J’avais déjà préparé mon expatriation, mes supérieurs étaient au courant et ne m’avaient rien proposé en échange et c’est seulement quand je suis parti qu’ils m’ont dit ‘‘vous savez, on aurait pu vous proposer un contrat finalement’’

Donc, bilan de mon expérience – si vous faites du mauvais boulot, on vous laisse tomber ou on vous laisse en place, en espérant que les autres employés ‘‘compenseront’’. Si vous faites du bon boulot, on espère que vous en ferez le plus longtemps possible dans les mêmes conditions, et que vous vous estimerez heureux parce que vous avez un emploi. (Petite parenthèse, clin d’œil à l’actualité : lorsque je suis parti, les syndiqués bataillaient pour que les primes de fin d’année, destinées à récompenser les gens qui s’étaient investis un peu plus dans leur boulot, soit distribuées de façon équitable envers les employés, ou selon l’ancienneté dans la boite – les syndiqués étaient curieusement parmi les plus anciens employés)

L’approche américaine est, de mon expérience, bien différente. Tout d’abord, on a beaucoup plus tendance à recevoir des félicitations. Je soulignerai deux points : Même si tout le monde recevra ce genre de félicitations dans l’entreprise, sur un temps plus ou moins long, il n’en reste pas moins que plus votre travail est apprécié, plus la fréquence sera élevée. Enfin, comme le souligne Sandrine, l’important n’est pas le certificat en lui-même, mais le fait que votre manager vous dise ‘‘Merci, nous apprécions le travail que vous faites’’. Pour moi, là est toute la différence : si vous vous démenez pendant trois semaines à près de 60 H. par semaine pour finir dans les temps et assurer une qualité au travail, pendant que d’autres autour se tournent les pouces, le fait que votre manager vous dise ‘‘j’ai noté votre travail et les sacrifices qu’il a supposés et je vous en remercie’’ c’est important.
Enfin, dans mon cas personnel, j’ai pu constater que les managers étaient beaucoup plus engagés dans le devenir des employés. Après avoir reçu des félicitations, mon manager est venu me voir pour me demander quel était mon statut actuel (visa) et il s’est investi personnellement pour que mon entreprise finance la carte verte afin que je puisse rester plus longtemps. Enfin, j’ai pu voir les managers essayer de trouver du travail à certains employés, car ces derniers n’avaient plus de travail et auraient été en difficulté pour déclarer leurs heures.

Evidemment, les entreprises gouvernementales sont un peu particulières, mais j’ai reçu les mêmes échos pour d’autres entreprises. A différents niveaux hiérarchiques, les gens sont prêts vous aider, si vous montrer votre motivations. Enfin, pour rester objectif, je dois signaler avoir entendu parler d’entreprises qui considèrent leurs employés comme du bétail.

Donc, en conclusion, c’est vrai que l’esprit est beaucoup plus « diplômes et récompenses » aux Etats-Unis qu’en France (cf. aussi le post de Miss Lulu sur les awards). Et j’avais, étant en France, l’impression que c’était juste du vent. Mon expérience actuelle m’a montré que c’était un moyen de remercier les gens pour leurs accomplissements et investissements.

Enfin, contrairement à Jacques Adam, je ne pense pas que cela soit lié au fait qu’on peut être plus facilement licencié – c’est juste une différence d’état d’esprit. Selon notre personnalité, on aime, ou on n’aime pas. Personnellement, je fais partie de ceux qui aiment.