Saturday, October 15, 2005

De l'injustice des temps

(Pou s'insurge)

Hier, j’ecoutais une chanson de Lauri Beckner (chanteuse de chansons enfantines) intitulée ‘‘I’m not perfect’’.  Cela me fit penser aux temps imparfait et plus-que-parfait. Quand on voit ces deux temps, on ne comprend pas pourquoi l’un est considéré comme imparfait, alors que l’autre a acquis le status de plus que parfait. Dans l’absolu, les deux temps sont utiles, et on ne devrait pas les mettre en compétition l’un l’autre. Surtout que le plus-que-parfait, même s’il fait son fier, n’est rien d’autre qu’un temps composé d’un auxiliaire à l’imparfait (notez qu’alors qu’il se targue d’être plus-que parfait, une de ses composantes est qualifiée d’imparfaite) et d’un verbe au participe passé. Pas de quoi faire son malin. Le passé composé, au moins, n’en rajoute pas une couche, bien que son équivalent soit qualifié de "simple" (bon, c’est vrai que simple ne signifie pas toujours idiot et peut être opposé à complexe). Imaginez un peu que le passé composé ait décidé de s’appeler passé intelligent.

Le passé composé, il est sympa. Le plus-que-parfait, non.

L’explication semble être liée à la finition de l’action entreprise, en négligeant l’information temporelle. Ainsi, au moment où l’on se situe, l’action décrite par l’imparfait n’est pas finie, donc pas parfaite (et le sens doit être pris littéralement – elle n’est pas accomplie – ce n’est pas lié à la perfection dans le sens ou nous le comprenons maintenant). Si elle se finissait durant le moment situé, le temps serait le parfait (qui, si je ne me trompe, n’existe pas ou plus en francais, mais existe en grec et latin - Correction & Scoop(10/16/2005) Miss "A l'Ouest" et Miss Lulu signalent avec justesse que le parfait, c'est en faire le passé simple. Désolé pour l'erreur - On pourra par ailleurs apprécier la grande modestie du passé simple) Si l’action est complètement finie dans le passé, elle n’est plus à faire et l’on utilise le plus-que-parfait.  

La théorie, c’est bien. Il n’empêche que les temps ont changés et que l’interprétation a évoluée. Du coup, ce pauvre imparfait se retrouve dans le groupe des choses à moitié finies, et on a l’impression que c’est un temps qui pourrait être amélioré. Et je suis sur que le plus-que parfait fait son fier et se moque de l’imparfait en lui disant (au plus-que parfait mais je traduis dans notre language, parce que c’est plus simple à comprendre), "tu sais, si je voulais, je pourrais te donner un peu de ma perfection pour que tu ne sois plus imparfait, mais alors nous serions tous les deux parfaits et l’on ne pourrait pas nous distinguer... j’ai bien peur que tu doives rester im-parfait à jamais"

C’est dé-gueu-lasse.